The Bourne ultimatum, La vengeance dans la peau
A priori, The Bourne ultimatum présente trois inconvénients majeurs pour tout cinéphile averti : c'est un film d'espionnage, tiré d'un livre à succès et c'est le troisième opus. Et pourtant, quelle claque !
Certes, Jason Bourne a les mêmes initiales que James Bond, certes, on évolue dans les milieux aussi feutrés qu'impitoyables de la CIA comme aux quatre coins du monde (ou presque) mais rarement dans un film, l'action n'a été portée à un tel niveau. Le film est haletant, et pendant deux heures, nous le sommes aussi. Les scènes de poursuite sont vécues de l'intérieur et je dois avouer que me mettant toujours au premier rang du Ciné-Cité, je n'en ai pas réellement profité, n'étant alors pas à l'intérieur de la voiture, mais carrément à l'intérieur du capot...
On pense souvent que les suites ou les remakes sont généralement moins bons que les oeuvres originales, sans raison particulière. Et ici, c'est même tout le contraire. The Bourne Ultimatum complète à merveille The Bourne identity et The Bourne Supremacy (respectivement La mémoire dans la peau et La mort dans la peau, à croire que dans la peau en anglais se dit Bourne) en constituant une sorte de boucle aquatique (je n'en dirai pas plus). D'ailleurs, ce troisième opus se situe avant la fin du second, la séquence qui clôt La mémoire étant en fait extraite de la dernière partie de La vengeance, subtilité scénaristique permise par la réalisation de ces deux films par la même équipe. Mais il n'est nul besoin d'avoir vu les deux premiers pour goûter celui-ci. Préférable, mais pas indispensable.
Le début du film est jubilatoire. Jason Bourne guide, à travers un jeu diabolique de téléphones portables, une cible dans la gare de Waterloo. Cette scène est une ode à l'intelligence froide de Bourne qui se débarrasse avec un sang-froid hallucinant (et à distance) des agents de la CIA. Le ton est donné. On peut bien sûr reprocher au personnage interprété par Matt Damon d'être trop fort, ce qui conduit nécessairement à des invraisemblances, voire des incohérences, mais puisque c'est pour notre plaisir, pourquoi le bouder ? Oui, Bourne parle russe, arabe, espagnol, oui, il est indestructible, froid, mesuré, oui... et alors ? Je vois mal qui le préfèrerait bègue, chétif, émotif et bedonnant (oui, je sais, bedonnant n'a pas de rapport avec ce qui précède, mais j'avais envie de le rajouter).
Le personnage de Nicky (la ravissante Julia Stiles) comme dans les deux films précédents, apporte une touche de charme à l'édifice, peut-être pas nécessaire mais bien agréable et sa dernière réaction constitue un bon moment du film, un clin d'oeil malicieux. Joan Allen, dans un autre registre, est tout aussi efficace. Bref, c'est comme le cochon, tout est bon dans The Bourne Ultimatum.
Et après ? Suite ou pas suite ? Ludlum est mort en 2001 sans en avoir écrit mais en 2007, est sorti La peur dans la peau, écrit à la façon de. Matt Damon, d'abord réticent, s'est déclaré récemment prêt pour un quatrième numéro, sous réserve que l'équipe de réalisation soit identique. Affaire à suivre, donc...
[The Bourne ultimatum - La Vengeance dans la peau, Paul Greengrass, sorti le 12/09/2007]