Le sourire de Mona Lisa - qui est à la peinture et aux jeunes filles ce que Le cercle des Poètes disparus est à la littérature et aux garçons - nous montre Julia Roberts choquer son auditoire lors de son premier cours d'Histoire de l'Art en montrant un tableau de Soutine, Carcasse. L'Art prend parfois des formes bizarres.
Parfois même très bizarres... D'habitude, je montre ici plutôt ce que j'aime, mais j'ai choisi cette fois-ci de montrer non pas ce que je n'aime pas, mais ce que je ne comprends pas. L'exposition Big Bang de Beaubourg (où, par chance, l'on peut prendre des photos) nous propose deux oeuvres d'Hans Bellmer. La poupée (1932-1945), d'abord, dont la lecture des matériaux suscite une certaine méfiance : bois peint, cheveux, chaussures, chaussettes... et en haut, à gauche de la photo, Les jeux de la poupée (1938-1949), épreuve gélatino-argentique.
Malgré une répulsion instinctive, on est ensuite irrésistiblement attiré par ces oeuvres. Cette poupée nue, à la sexualité exacerbée, est inspirée d'Olympia, l'automate des Contes d'Hoffman. Mais il s'en dégage une telle impression de malaise que l'on se demande le but de l'artiste. Je n'ai malheureusement pas les clés de ces oeuvres. Mais le simple fait d'avoir retenu mon regard, de m'avoir intrigué, d'avoir provoqué aussi bien dégoût qu'attirance, n'est-ce pas la finalité de l'Art ? Car celui-ci n'est-il pas également provocateur ?
Si vous aussi, vous souhaitez découvrir les poupées de Bellmer, Big Bang se termine le 27 mars 2006, et le Centre Pompidou présentera du 1er mars au 22 mai 2006, une exposition consacrée à Hans Bellmer. Bon courage !
[La poupée et Les jeux de la poupée, Hans Bellmer]