La colline de Belleville, un des points culminants de la capitale avec celle de Montmartre, était jadis tapissée de vignes qui produisaient le guinguet, un vin jeune et pétillant. Celui de La Taverne Royale s'appelait la Piquette, qui verra par la suite, son appellation détournée. Plus tard, elle abrita - alors que Belleville était encore une commune séparée de la capitale - ces cabarets dans lesquels les ouvriers des carrières de gypse venaient s'encanailler et qui ont emprunté leur nom au vin produit sur place.
La fin du siècle dernier verra la réhabilitation de la colline devenue insalubre avec la création du parc de Belleville, jardin arboré de 4,5 hectares, dominant insolemment tout Paris. Le visiteur s'arrête, interdit, devant ce panorama unique et magnifique.
Au gré de ses promenades, on y trouve une fontaine en cascade, malheureusement dépourvue d'eau en hiver, que je ne vous montrerai pas (qu'y a-t-il de plus triste qu'une fontaine sans eau ?), un théâtre en plein air que j'aurais pu vous montrer et ce petit pont de bois que je vous montre et qui, à l'instar d'un autre plus connu, ne tient plus guère que par un grand mystère...
Le promeneur est libre de parcourir le parc à l'abri des tonnelles et des regards. Il sera tenté de glisser le long de cette rampe accueillante, mais il n'en fera rien. Il sourira en pensant à cette bêtise qu'il a failli faire et descendra lentement l'escalier, goutant chaque marche. Le promeneur, c'est moi, bien sûr...
Et puis, le temps passera. La nature reprendra ses droits dont elle a été si longtemps spoliée. Les arbres s'élanceront vers le ciel, indomptés. Au fond, un banc demeure, vestige d'une fréquentation aujourd'hui disparue. Mais il restera au fond de moi, le souvenir d'une rencontre inattendue... que je vous relaterai dans un autre article.
[Parc de Belleville, Paris XXe]