Bubulle aux deux visages
Janus, c'est Janus que j'aurais dû l'appeler, mon Bubulle...
Déjà Bubulle, ce n'est pas son vrai nom. Sa fiche (tachée du sang de trois internes) qui se trouve à l'Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort porte un autre nom, plus félin. Bubulle, dans son cas, ce n'est pas un pseudo, c'est un nom de guerre.
Ici, on voit sa tête des mauvais jours. Un air matois, autant inquiet qu'inquiétant, pour un chat capable du pire. Il ne faut jamais oublier que le chat reste un animal, et même s'il est domestique, ses réactions sont parfois étranges, presque instinctives, impulsives, irraisonnées. L'homme n'est plus alors pour lui un maître, mais une cible. Le coup de patte n'est pas loin, et s'il est facile d'éviter les quatre premières griffes, la cinquième vous cueille toujours à froid. Le félin, à votre cri de douleur, s'arrête alors, comme satisfait, puis, prenant conscience de sa hardiesse, recule sans vous quitter des yeux vers un refuge inexpugnable. Quelques minutes après, vous retrouverez le félin que vous avez toujours connu.
Mais ce félin câlin qu'il est redevenu est présent sur la photo. Regardez cette ombre amie... c'est lui, oui, c'est bien lui, le félin que l'on avait perdu, cette bouillotte de poils pour laquelle on se damnerait. Et comme par magie, quand on le prend dans ses bras, c'est le chat de l'ombre que l'on serre...
Ah, Bubulle, faut se le faire...
[Bubulle, décembre 2004]