Lady of Shalott
L'exposition Millais se tenait à la Tate Gallery à la fin de l'année dernière mais c'est deux ans plus tôt que j'ai découvert The Lady of Shalott, de John Waterhouse. Le département des Préraphaélites était alors fermé pour inventaire et - sans doute à titre de consolation - l'envoûtant tableau était exposé en dehors du département. Bien que les photos soient strictement interdites dans l'enceinte du musée, j'en ai pris une. C'était ma consolation à moi. Seulement, je ne sais si cela est dû à l'émotion irrépressible qui étreint tout spectateur ou à la culpabilité de faire du défendu, mais toujours est-il que la photo fut légèrement floue... je choisis donc d'afficher celle de Wikipedia.
The Lady of Shalott est inspirée d'un poème d'Alfred Tennyson publié en 1833 et réécrit neuf ans plus tard, mais avant de poursuivre la lecture de cet article, je vous invite à vous accompagner de la voix magique de Loreena McKennitt qui a chanté le texte de Tennyson de 1842.
Sur l'Île de Shalott, une Dame tisse éternellement une tapisserie. Une malédiction lui interdit de regarder le monde réel par sa fenêtre. Mais elle contemple cette réalité qui lui est interdite grâce à un miroir. Et un jour d'automne, emportant sa précieuse tapisserie, elle s'enfuit sur une barque, vers Camelot. Sentant sa vie s'en aller en tentant de briser sa malédiction, elle chante son désespoir...
Oui, j'ai oublié de vous prévenir. Dans le genre qui finit pas bien, on fait difficilement mieux. Waterhouse, préraphaélite de la dernière heure, ne pouvait qu'être séduit par ce thème médiéval, arturien et funeste. D'autres préraphaélites, d'ailleurs, s'y sont également frottés, comme Hughes ou Holman Hunt. La barque de la Dame de Shalott emporte trois bougies, dont deux se sont déjà éteintes. Il ne reste que peu de temps avant que la troisième ne s'éteigne également... Lancelot trouvera son corps dans la barque, près de la rive.
He said, "She has a lovely face;
God in his mercy lend her grace,
The Lady of Shalott."
En 1894, Waterhouse nous propose une seconde Lady of Shalott, emprisonnée dans ses fils, regardant Lancelot. Les deux premières images sont des études, la version définitive étant la troisième.
There she weaves by night and day |
Là, elle tisse de nuit et de jour |
Et en 1916, peu de temps avant sa disparition, il nous propose une dernière Lady of Shalott, I am half sick of shadows, dont le nom est tiré d'un des vers du poème :
"I am half-sick of shadows" said
The Lady of Shalott.
-> Texte intégral et original des versions de 1833 et 1842
-> Paroles françaises de la chanson de Loreena McKennitt
[The Lady of Shalott, John William Waterhouse, 1888]
[The Lady of Shalott looking at Lancelot, John William Waterhouse, 1894]
[I am half-sick of shadows, said the Lady of Shalott, John William Waterhouse, 1916]