Depuis quelques mois, de nuit comme de jour, un bien curieux X vient éclairer une des façades de la grande bibliothèque. Comme s'il indiquait aux parisiens un endroit où il fallait être. Ou ne pas être. Car il s'agit en fait de l'enfer de la BNF, enfin présenté au public...
Je ne crois pas avoir aimé cette exposition. Dès l'entrée, on se retrouve dans une immense salle aux teintes roses, évoquant irrésistiblement ces claques du début du siècle dernier que je n'ai - faut-il le préciser ? - connus que par l'entremise d'un cinéma voyeur. De nombreux ouvrages, pour la plupart originaux, sont exposés, avec des gravures explicites, expliquant ce qu'est l'enfer, comment il se constitue et comment il se conserve. À côté de ceux - prévisibles - de Sade ou Louÿs, se retrouvent ceux - plus surprenants - de Maupassant ou de Bataille. Certains autres, comme Le Con et Le Vit, sont remarquablement écrits, bien que particulièrement lestes.
Le Con : Doucement, doucement. Le Vit : N’ayez point peur, je ne pose point à terre, je suis tout en l’air. Le C. : Bon. C’est que si ma maîtresse s’éveillait, tout serait perdu. La circonstance est favorable, elle a les cuisses écartées, la couverture est tombée dans la ruelle, je suis au bord du lit, le drap est relevé, la lampe vis-à-vis de moi. Avancez. Le V. : Me voilà. Le C. : Ciel ! Le V. : Ah ! Dieux ! Le C. : C’est donc là ce qu’on appelle un Vit ! Le V. : Oui, cher petit con d’Amour. Le C. : Je mourrais d’envie d’en voir un. Le V. : Ce n’est rien de me voir, c’est tout de me sentir. Le C. : Comme vous remuez ! comme vous grandissez ! que c’est drôle !
Des cornets chuchotent des textes licencieux tandis que des écrans projettent un film érotique de 1921, La Religieuse de Diderot ou Histoire d'O, de Pauline Réage. Quelques gravures sont amusantes, c'est vrai, mais ce qui à mon sens, nuit à cette expo, c'est le monde ! Une promiscuité plus que pénible, des cars du troisième âge déversés directement dans la salle, des visiteurs les uns sur (j'ai bien dit sur) les autres... à fuir. D'ailleurs, l'exposition, initialement terminée le 2 mars, s'est vue prolongée jusqu'au 22, dans un premier temps et au 30 mars dans un second.
Cependant, en cherchant bien, on peut trouver quelques compensations. Un des murs propose en effet un extrait agrandi d'un guide du dix-huitième siècle recensant les prostituées parisiennes et certaines mentions font sourire, comme celle-ci qui est plutôt chère mais qui fait crédit ou cette autre d'un certain âge mais très expérimentée.
Cette vidéo nous fait visiter le lieu de l'exposition malgré l'interdiction de filmer. Des images dont on ne distingue pas grand chose et une musique de... circonstance. Deux minutes à voir, pour le... fun.