Tony Wendice (Ray Milland), ancien champion de tennis, cherche à se débarrasser de sa femme, Margot (Grace Kelly), pour les deux meilleures raisons qui puissent être : il hériterait ainsi de sa fortune et elle a un amant. Il engage pour se faire le capitaine Lesgate (Anthony Dawson) qu'il a connu à l'université et, qui, contraint par une conduite plus que reprochable, ne peut refuser. Mais la tentative d'assassinat tourne court et au cours d'une scène d'anthologie, le capitaine subit les foudres d'une justice divine et expéditive (en gros, il meurt).
Lors du coup de fil passé à la police pour annoncer l'agression, Wendice élabore alors, avec talent et habileté, un plan plus diabolique encore que le précédent...
L'image présentée correspond exactement au moment précis où le film bascule. Wendice était déjà insupportable et antipathique, il devient machiavélique et méprisable. Mais il conserve cette superbe qui le distingue - ô combien - des autres protagonistes. C'est d'ailleurs une des raisons qui me font aimer Le Crime Etait Presque Parfait, le sang-froid de ce mari calculateur, ainsi que cette dualité du personnage.
Le film est un film de commande, mais c'est quand même un film d'Hitchcock. Ecoutons ce qu'en dit le maître du suspense :
Quand on est à sec, on prend une pièce à succès et on la tourne.
(Alfred Hitchcock)
Cette pièce sera donc Dial M for Murder, de Frederick Knott. Cela explique le côté théâtral du film et son unicité de décor, duquel la caméra ne s'échappe qu'en de rarissimes occasions, dûment motivées par le scénario : la rue de l'appartement des Wendice, leur chambre et l'escalier, élément-clé (si j'ose dire) de l'intrigue. Sur cette image, scène importante du film, sont réunis, outre le couple Wendice, l'amant Mark Halliday (Robert Cummings) et l'inspecteur Hubbard (John Williams). Le mari y semble sûr de lui, sa femme, égarée, l'amant, insignifiant et le policier, dubitatif. La suite les révèlera différents.
Mais une autre des raisons qui me font aimer ce film, et non des moindres, c'est la présence de Grace Kelly. Sa relation adultère avec l'écrivain Mark Halliday n'est guère crédible, reconnaissons-le, mais sa féminité fait merveille. Sa beauté aussi, plus encore. Elle est parfaite dans le rôle de Margot Wendice, doublement victime, qui ne comprend rien à ce qui lui arrive.
Cette première participation de Grace Kelly dans un film de Sir Alfred sera suivie, dans la foulée, des deux autres, Fenêtre sur Cour (Rear Window) la même année, et La Main au Collet (To Catch a Thief) l'année suivante.
Terminons par l'apparition classique du réalisateur. Il est ici invité à la même table que Tony Wendice et le capitaine Lesgate (de face à la première table) sur l'une des photos-souvenirs du tennisman.
Il y a encore beaucoup à dire sur ce film, car il présente une particularité que l'on ne peut pas soupçonner dans le cinéma d'Hitchcock, que je vous présenterai dans mon prochain article. Je vous dirai également tout sur ces histoires de clés - difficiles à suivre, la première fois - qui constituent l'intrigue inédite de ce suspense.
Le Crime Etait Presque Parfait... en 3D !
Le Crime Etait Presque Parfait : l'album
Et peut-être aussi, un jour parlerai-je du remake de 1998, interprété par Michael Douglas et Gwyneth Paltrow...
[Le Crime Etait Presque Parfait, Dial M for Murder, Alfred Hitchcock, 1954]