À une époque où la télévision commençait à concurrencer le cinéma, apparaissent de nouveaux procédés susceptibles d'attirer les spectateurs, comme le Cinemascope destiné à offrir un grand format d'image. Et quelques films sont même tournés... en relief !
Le Crime Etait presque Parfait était un film de commande, rappelons-le, et c'est ainsi qu'Hitchcok tourna son film en relief. Mais alors que certains se contentaient d'effets faciles, Hitchcock ne considérait pas le relief comme un simple gadget : installation de la caméra dans une fosse pour donner une impression naturelle de relief, acteurs bougeant plus que la caméra, nombreux objets au premier plan, plusieurs plans...
Cependant, ces fichues lunettes qu'il fallait chausser pour pouvoir regarder le film étaient un réel problème. Elles étaient fatigantes pour le spectateur et le public s'en est rapidement lassé au point que lors de la sortie du film, ce phénomène de mode avait déjà disparu.
Chaque salle de cinéma dispose de deux projecteurs. Dans le cas d'une projection normale, les deux sont chargés mais un seul projette une image, le second prenant le relais à la fin de la bobine, et ainsi de suite, le projectionniste se chargeant de remplacer chaque bobine déjà diffusée.
Dans le cas d'une projection stéréoscopique, les deux projecteurs fonctionnent de concert pour obtenir cette image floue que seules les lunettes peuvent décrypter. Les images sont quant à elles simultanément tournées par deux caméras distinctes.
Les deux projecteurs ne pouvant être rechargés sans interruption de la projection, un entracte est donc nécessaire. Celui-ci n'est donc pas dû à la durée du film, qui est tout à fait conventionnelle.
Dans la scène où Tony Wendice téléphone à Margot, le téléphone se retrouve au coeur de l'action grâce au relief. Mais il était impossible de filmer son doigt tournant le cadran du téléphone à cause de la taille des caméras. Hitchcock a donc eu l'idée de fabriquer un téléphone et un doigt géants. Et c'est ainsi que l'on a pu voir en relief ce fameux M qui a donné son nom au titre du film, en VO du moins.
Le film pullule de plans particuliers destinés au relief, comme les ciseaux de l'article précédent ou cette clé qui joue le rôle principal du film.
Ah, ces fameuses clés... quelle migraine elles ont pu donner aux spectateurs !
Epaissir
le mystère des clés...
Pour que le Capitaine Lesgate puisse rentrer chez les Wendice, Tony prend (avec quelques difficultés) la clé dans le sac de sa femme et la glisse sous l'escalier avant de partir du club. De
retour après le meurtre de Lesgate, il fouille le cadavre pour chercher la clé, la trouve et la remet dans le sac de Margot. Et celle-ci, accusée du crime, n'aura plus l'occasion de s'en
servir...
Mais c'était compter sans la malignité de l'inspecteur Hubbard. Il se rend compte que la clé dans le sac n'ouvre pas la porte ! Et pour cause, puisque c'est la clé de Lesgate, identique à
celles des Wendice, ainsi que celle d'ailleurs du policier. Il découvrira même la clé que Lesgate avait remis sous le tapis de l'escalier, avant d'être tué. Aussi tendra-t-il un piège habile au
tennisman en lui subtilisant sa clé.
Tony Wendice, pour rentrer chez lui, n'a plus que la clé de sa femme... qui n'ouvre pas la porte. Il comprend rapidement que la clé est celle de Lesgate et que celle de sa femme doit toujours
être là où il l'avait cachée, le fameux soir. Il ouvrira la porte avec, prouvant ainsi, de façon éclatante et incontestable, sa culpabilité.
-> Le Crime Etait Presque Parfait : le film
-> Le Crime Etait Presque Parfait : l'album
[Le Crime Etait Presque Parfait, Dial M for Murder, Alfred Hitchcock, 1954]