Le largonji du louchebem
Le jargon des bouchers des abattoirs de la Villette, utilisé à la fin du 19e siècle et jusqu'à la moitié du 20e est plus simple à expliquer qu'à comprendre. Il suffit (!) de remplacer la première consonne par un l et de la reporter à la fin du mot avec une terminaison en -em, -oc, -ic, -esse, etc et ce, de façon uniquement phonétique.
Exemples : jargon devient largonji et boucher devient louchébem.
Par extension, ce dernier mot désigne aussi cet argot corporatiste. Si la construction semble facile, je n'ai pas réussi à élucider le mystère du choix de la terminaison. En -oc dans lienchoc, en -esse dans lanarkesse, en -ic dans loulépic, en -é dans lacsé, en -em dans ligogem (n'oublions pas que c'est un argot de bouchers !)... difficile d'y trouver une logique.
De nos jours, le largonji a quasiment disparu. On ne le retrouve que sur les enseignes de nombreux restaurants, comme celui que j'ai pris en photo, du côté des Halles... Mais quelques mots subsistent dans le langage courant ou familier : loufoque, en loucedé ou à loilpé. On notera que les deux derniers semblent légèrement incompatibles...