2012, nous étions prévenus
Certains réalisateurs alternent le meilleur et le moins bon. Emmerich est, pour moi, le plus emblématique d'entre eux. Excepté 10000, l'année dernière, que j'ai shunté, j'ai vu ses six autres derniers films, de qualité inégale. Pourtant, Stargate reste mythique pour l'univers qu'il a su créer et The Patriot est un film certes violent mais qui retrace à merveille une partie de l'histoire américaine que l'on connaît peu (en tout cas, nous, français). Mais Emmerich reste avant tout le spécialiste du film de catastrophe. Un mot d'abord sur l'histoire de 2012.
Les astrologues Mayas avaient prédit la fin du monde en 2012. Aussi, quand le professeur Helmsley détecte une activité anormale du rayonnement solaire, avise-t-il la Maison Blanche. Lors d'une réunion du G8, le Président des Etats-Unis annonce aux autres membres que la fin du monde est inéluctable. Un projet incroyable va se mettre alors en place. Et quelques mois plus tard, en décembre 2012, les événements se précipitent...
Emmerich avait mis la barre haut avec Independence Day et Le jour d'après. Aujourd'hui, il réalise la quintessence du film catastrophe, allant encore plus loin que ses précédents films. Si on retrouve la prépondérance des Etats-Unis , le film ne dégouline pas de l'américanisme primaire qui ternissait ID4, mais son antisoviétisme, lui, est grossier, bien plus marqué que le cargo russe du Jour d'après, puisque nous avons droit, cette fois-ci, au père, aux enfants et à la maîtresse russes, tous aussi insupportables les uns que les autres. Les personnages américains sont plus attirants, notamment le rôle de Curtis Jackson, écrivain mêlé malgré lui à cette histoire, interprété par un efficace John Cusack (exceptionnel dans Minuit dans le jardin du bien et du mal). À noter que Woody Harrelson y campe un sympathique illuminé et Danny Glover, un président noir, ce qui ne choque plus personne, surtout depuis Palmer dans 24. Et les deux enfants du héros sont là pour nous fournir de bonnes doses d'émotion, indispensables à tout cocktail réussi.
Le début paraît décousu avec ces courtes séquences sans lien direct qui ne deviendront claires qu'au cours du film. L'intrigue se met petit à petit en place, et l'atmosphère internationale du projet évoque le Grand Secret de Barjavel. Mais si ce secret ne se révèle qu'à la fin, le scénario reste assez basique, on est bien dans un film catastrophe. On y est d'autant plus que les effets spéciaux sont fabuleux : l'éruption du volcan (je ne vous dis pas où) ou la destruction des mégapoles américaines sont tout bonnement hallucinantes. La course entre une limousine et un tremblement de terre ou le vol des avions dans des villes en démolition sont des scènes aussi impressionnantes qu'invraisemblables. Mais il ne faut pas bouder son plaisir. Le but du cinéma est de divertir ou de faire réfléchir. Là, clairement, le premier objectif est atteint : des images incroyables, belles, incroyablement belles et formidables (au sens étymologique du terme), jamais vues en tout cas.
Enfin, the last but not the least, on ne voit pas le temps passer. Il se passe toujours quelque chose à l'écran, de spectaculaire, d'émouvant ou de drôle, ne laissant pas au spectateur, le temps de s'ennuyer. C'était pourtant un sacré challenge au départ, vu que le film dure quand même... 2h40 !
[2012, Roland Emmerich, sortie le 11 novembre 2009]