Jean-Louis Toutain
Ce siècle avait deux ans. Rome remplaçait Sparte... euh... non, Rome ne remplaçait pas Sparte, mais le siècle avait bien deux ans. Je passais alors devant la mairie de Toulouse quand je découvris une oeuvre monumentale, surprenante, fascinante, aux formes avantageuses et rebondies mais au visage si fin que l'on aurait pu craindre que cette rupture ne soit préjudiciable à la sculpture. Pourtant, bien au contraire, ce contraste conférait un équilibre harmonieux à l'ensemble. Le nom de l'auteur m'était alors inconnu, il s'appelait Jean-Louis Toutain. Né en 1948, il a touché à de nombreux domaines : céramique, décoration, imprimerie, design avant de se lancer en 87 dans la création de ses propres oeuvres. Meilleur ouvrier de France en 91 pour son oeuvre sculpturale et décorative, il se mit à la peinture en 95.
Deux années plus tard, de retour pour quelques vacances bien méritées - ne le sont-elles pas toujours ? - dans ce sud-ouest que je connais si mal, je passais par Moissac. Et devant l'abbatiale Saint-Pierre, j'ai retrouvé, assises sur un banc, ces femmes stéatopyges propres à Toutain, une mère et sa fille tricotant. Contrairement à Toulouse, ses personnages étaient ici en situation devant un cadre majestueux, ce qui leur donnait une nouvelle dimension, celle d'une authenticité à laquelle peu d'oeuvres peuvent prétendre. Si le bas évoque irrésistiblement Botero, la finesse du haut contribue à créer une inspiration spécifique et une identité visuelle facilement reconnaissable, que l'on retrouve également sur ses peintures.
Nancy est actuellement le siège d'une exposition de dix sculptures monumentales de Toutain, jusqu'au 5 juin. Cette exposition ira ensuite à Andorre, à compter du 20 juin.
[Sculpture de Jean-Louis Toutain, Moissac]