Epidémie dans le métro londonien
Ce n'est pas en la prenant, cette photo, que je l'avais remarqué. Non, j'étais bien trop occupé à préparer mon coup. Il est si difficile de prendre une photo comme ça, sans que les gens s'en rendent compte, surtout avec un réflex de plus d'un kilo...
La règle est simple, l'appareil doit être en bandoulière, sur le ventre, la main droite, négligemment posée sur le déclencheur. La main gauche maintiendra l'appareil d'une poigne ferme mais naturelle, c'est important. Et c'est la tête qui devra faire diversion, selon le principe de base de l'Art de la guerre, de Sun Tzu. L'idéal est de regarder fixement un point situé dans une direction opposée pour y attirer le regard des gens trop méfiants. Et hop, pendant ce temps, on déclenche. Sans flash. Ni vu ni connu, je t'embrouille. Je passe sur les difficultés de cadrage, de sensibilité ou de maintien, mais bon, on y arrive. La preuve en image.
Mais, disais-je, ce n'est pas en la prenant que je l'ai remarqué, mais beaucoup plus tard, à tête reposée, que cela m'a frappé... ils sont tous en train de lire le journal ! Et il y a gros à parier qu'ils lisent tous le même, à savoir Metro. C'est un des effets pervers de la généralisation de ces magazines gratuits. C'est surréaliste au fond, tous ces journaux dépliés, presqu'inquiétant, même. Et pourtant, ce n'était que quelques jours après les attentats meurtriers de juillet 2005...
[Métro, Londres, juillet 2005]