Ô Temps ! Suspends ton vol
[...] Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !
[Le lac, Lamartine]
Le lac de la photo est celui de Pierrefonds, dominé certes par les majestueuses tours du château mais cependant bien paisible, où l'on naviguera doucement, tentant de digérer le repas gastronomique servi à l'auberge du coin. La barque de Lamartine a fait place au pédalo, et point ici de grotte, de roc sauvage ou de forêt obscure. Nous sommes bien loin du lac tourmenté décrit dans le poème si bouleversant de Lamartine, sur les ravages que le temps inflige à l'amour et aux souvenirs...
... mais bon, je n'ai pas de tel lac en photo. Alors, je mets ce que je peux pour illustrer. Et puis, le clapotis du lac de Pierrefonds est moins romantique que les mugissements de celui du Bourget, mais après tout, n'est-il pas plus rassurant ? Et ces flots sont tout autant harmonieux !