À Berlin, entre 1933 et 1935, les institutions policières et répressives de l'appareil National-Socialiste s'installent sur un terrain délimité par la Prinz-Albrecht Straße (au numéro 8, se trouvait la sinistre prison centrale de la Gestapo), Wilhelm Straße (c'est au numéro 102 que se trouvait l'Office Central de Sécurité du Reich, où Himmler et Heydrich avaient leur bureau) et Anhalter Straße. C'est dans ce périmètre qu'ont donc été décidés le génocide des juifs européens ainsi que la persécution des prisonniers de guerre russes, des opposants au régime ou d'autres groupes de population. C'est depuis ce périmètre que la terreur et le crime ont été planifiés à l'échelle mondiale.
La Topographie de la Terreur (Topographie des Terrors) est un musée en plein air (et gratuit), rattachant l'histoire de ce secteur maudit à celle du troisième Reich, nous faisant revivre par de nombreux documents d'époque, leur naissance et leur destruction, à l'un comme à l'autre. Mais cette terreur se double d'une autre, plus récente : l'exposition est en effet présentée le long des vestiges du Mur, sur le plus grand tronçon encore debout après celui de l'East Side Gallery. Et en ce jour de décembre 2008, il y faisait vraiment très froid. Comme tous les jours, sans doute.
Les premières archives montrent l'avènement du Reich et son apogée. Suivent des documents qui, pays par pays, présentent la progression du régime SS pendant la guerre. La France n'échappe à cette énumération, avec notamment cette photo terrible, prise en novembre 1942.
La résistance n'est pas le propre des pays envahis. Les photos suivantes rendent hommage aux allemands qui avaient choisi de lutter contre l'hégémonie nazie. Käthe Niederkirchner a 16 ans quand elle s'engage dans les Jeunesses Communistes et entre quatre ans plus tard, en 1929, au parti Communiste Allemand. Elle émigre en 1933 en URSS avec sa famille. Après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, elle est volontaire pour une action sur le territoire allemand. Parachutée en 1943, elle est capturée alors qu'elle tentait de rallier les communistes de Berlin. Conduite au camp de Ravensbrück, elle y sera abattue dans la nuit du 27 au 28 septembre 1944.
La Prinz-Albrecht Straße a été rebaptisée Niederkirchner Straße en son honneur. Et c'est donc au 8 de la Niederkirchner Straße que nous sommes aujourd'hui, parcourant ses émouvants témoignages.
Une guerre n'est jamais bien jolie à voir. Cette seconde guerre mondiale n'épargnera pas la ville de Berlin qui croulera sous les bombardements alliés. Sur cette photo prise en 1948, le 102 Wilhelm Straße n'est plus qu'une ruine. À l'image d'un Berlin dévasté.
Le temps a passé. Mais l'Histoire est bien cruelle. Au printemps 61, le Mur est construit. Ces véhicules, affrêtés par les autorités ouest-allemandes de Berlin et équipés de haut-parleurs, exhortent les soldats est-allemands à ne pas tirer sur ceux qui s'aventureraient à franchir le Mur...
[Topographie des Terrors, Niederkirchner Straße, 8, Berlin]