Il était impensable pour moi de venir à Louxor sans faire un tour au Brooke Hospital for Animals. Mon plan indiquait qu'il se trouvait juste derrière le Temple, près de l'arrivée du bac. Moment de flottement en voyant qu'il n'existait plus, mais le cocher d'une calèche m'a indiqué qu'il avait déménagé en grande banlieue et - bien évidemment - m'a proposé de m'y emmener. J'ai décliné (c'est d'ailleurs mon problème, je décline de plus en plus) et pris une autre calèche. Bisque bisque rage...
Un mot sur cet hôpital. En 1930, Dorothy Brooke arrive au Caire. Elle ne peut que constater l'état lamentable de certains chevaux. Il s'agit en fait de chevaux des anciennes cavaleries anglaises, australiennes et américaines, ayant participé à la première guerre mondiale. De retour en Angleterre, elle lance des demandes de fonds, retourne en Egypte, rachète cinq mille de ces chevaux et fonde en 1934, le Old War Horse Memorial Hospital qui s'occupe aussi des mules et des ânes. Elle décèdera en 1955.
Le Brooke Hospital for Animals était né. Soixante-quinze ans plus tard, cette association travaille dans une dizaine de pays, en Asie, Afrique, Amérique du Sud et Proche-Orient, et soigne gratuitement environ 700 000 animaux par an, des chevaux, des mules et des ânes.
Le cocher a bien évidemment profité de la visite au Brooke Hospital pour y faire soigner son cheval. Se faire payer pour l'emmener passer une visite gratuite, c'est une aubaine à ne pas laisser passer. Mais c'est avec plaisir que je lui accorde cette faveur. Mon temps n'est pas compté...
Petite anecdote qui ne m'a amusé que parce qu'elle s'est révélée sans conséquence pour l'animal, mais le vétérinaire avait donné un désinfectant à mettre là où le cheval avait son problème, c'est-à-dire dans une partie que la décence m'interdit de préciser davantage et qui, en gros, se trouve plutôt derrière. Mais ne voilà-t-il pas que le cocher peu rompu à l'exercice de la médecine vétérinaire, le lui donne à boire...
Après quelques instants d'inquiétude, tout est rentré dans l'ordre.
Puis, un nouveau patient, plutôt rétif, arrive, refusant de se faire soigner.
Il finit par obtempérer, et fort heureusement, sa blessure n'est pas trop grave. Tout est bien qui finit bien.
[Brooke Hospital for Animals, Louxor, Egypte, septembre 2008]