Quai des Orfèvres
Jenny Lamour (Suzy Delair), chanteuse ambitieuse, se rend ce soir-là chez Brignon (Charles Dullin), personnage répugnant qui pourrait l'aider dans sa carrière. Son mari, Maurice (Bernard Blier), fou de jalousie, s'y rend également. Et quand le lendemain, après la mort de Brignon, l'inspecteur Antoine (Louis Jouvet) entre en scène, le coupable semble tout désigné...
Henri-Georges Clouzot signe ici sa troisième adaptation de Stanislas-André Steeman, après Le dernier des six et L'assassin habite au 21. Réalisé en 1947, Quai des orfèvres marque le retour à l'écran de Clouzot qui avait été black-listé à la libération, son film précédent, Le corbeau ayant été produit par une firme allemande. Et quel retour !
Une distribution exceptionnelle avec un Jouvet tenace, habile, Columbo avant l'heure mais attendrissant dans sa relation avec celui qu'il appelle son souvenir des colonies, mais aussi un Bernard Blier parfait dans ce rôle de mari maladivement jaloux et de victime expiatoire, Suzy Delair, attachante tête à claques, Simone Renant, merveilleusement séduisante, avec aussi des seconds rôles de prestige comme Raymond Bussières et Robert Dalban en arpettes, ou Pierre Larquey en chauffeur de taxi. Si finalement le dénouement est prévisible, le piège qui se referme inexorablement sur Martineau, les dialogues percutants omniprésents, l'émotion et l'humour de certaines situations en font un véritable régal.
Si l'on ajoute les grands succès chantés par Suzy Delair et composés par Francis Lopez (qui signe la musique du film), comme Avec son tralala ou Danse avec moi, on comprend dès lors que ce film est incontournable.
Avec son tralala,
Son petit tralala,
Elle faisait tourner toutes les têtes,
D'un coup de tralala,
Elle faisait tralala...
[Quai des orfèvres, Henri-Georges Clouzot, 1947]