Slumdog Millionaire, le film aux 8 oscars
Dimanche soir, j'ai commencé à regarder la nuit des Oscars et la montée des marches, pendant laquelle Slumdog Millionaire a eu la part belle : la jeune équipe du film a entonné un hilarant Jai Ho, accompagnée d'une partie de la moyenne équipe, suivie un peu plus tard de Danny Boyle, et enfin de la délicieuse Freida Pinto (la grande Latika). J'ai enchaîné sur la cérémonie, mais je me suis un peu endormi, il était alors presque quatre heures passées et Slumdog n'avait encore que deux oscars (meilleur scénario adapté et meilleure photographie). Le réveil à 7 heures a été difficile mais la vie avait continué pendant mon sommeil (sans blague ?) et le film en avait obtenu six de plus. Bien mérités.
De Danny Boyle, je n'ai vu - je crois - que The Beach, que j'avais bien aimé, plus cependant pour les paysages idylliques de la Thaïlande et les acteurs (De Caprio, Canet et Ledoyen), tous parfaits, que l'histoire. Slumdog Millionaire, c'est un autre registre. Mais d'abord un mot rapide de l'histoire :
Jamal Malik, un jeune serveur de Mumbai, est en course pour aller au terme de la version indienne de Qui veut gagner des millions ?. Sorti brutalement du studio, il se retrouve aux prises avec des policiers qui l'interrogent sans ménagement pour comprendre par quelle tricherie un jeune garçon issu des bidonvilles de Mumbai a pu accéder à un tel niveau dans le jeu. Mais malgré les coups, Jamal se borne à répéter qu'il connaissait les réponses. Et si effectivement, il les connaissait ?
Je n'ai pas lu la nouvelle Q&A (le titre français est un poil plus long : Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint millionnaire) de Vikas Swarup, dont est tiré ce film, mais le principe en est astucieux : pour chaque question posée, Jamal va montrer, en racontant les péripéties de son existence mouvementée, qu'il a des raisons bien particulières de connaître la réponse. Trois âges différents, trois époques : Jamal et son frère sont gamins, vivent dans les bidonvilles de Mumbai (ex-Bombay) et rencontrent Latika. Naît une relation forte, basée sur la complicité. Puis, le trio grandit et aborde les portes de l'adolescence. Leurs voies divergent, leur complicité évolue. Et enfin, à 18 ans, Jamal a quitté son bidonville, bien décidé à empoigner la vie...
Danny Boyle nous dresse une vision sans concession de l'Inde d'aujourd'hui, certainement un peu partiale et misérabiliste, mais qui peut prétendre que ces immenses bidonvilles ne se trouvent pas à Mumbai puisque le film y est tourné ? Qui peut affirmer que le système de castes n'existe pas en Inde ? Toute vérité n'est pas bonne à dire, et encore moins à entendre. Toutefois, si certaines scènes sont à la limite du supportable, l'humour est souvent présent, l'émotion aussi : les atouts de ce film sont nombreux et le rendent passionnant de bout en bout. Tel le présentateur de l'émission (acteur très connu... en Inde) dont la relation avec Jamal est ambiguë : défiance, jalousie, mépris ou admiration pour ce chien de bidonville réussissant là où des professeurs d'université ont depuis longtemps déclaré forfait. Au passage, l'on n'est guère dépaysé avec cette version indienne du jeu, identique à celle que nous connaissons, à Foucault près. Mais il y a surtout cette musique géniale et envoûtante (que vous pouvez écouter via le player ci contre) qui a permis à son auteur, A.R. Rahman, de remporter deux oscars. J'aurais pu mettre la vidéo de Jai Ho, oscar de la meilleure chanson (et accessoirement dernière de la liste) mais c'est le générique de fin et il n'est pas représentatif du film, même s'il est indispensable de le regarder. Malgré tout, si vous souhaitez le voir, il est ici. Mais je préfère vous montrer la bande-annonce. En plus, on y entend A-ha (mais hélas, pas dans le film) et son éternel The sun always shines on TV...
À titre indicatif, les huit oscars obtenus dimanche soir sont :
Meilleur scénario adapté
Meilleure photographie
Meilleur son
Meilleure musique
Meilleure chanson
Meilleur montage
Meilleur réalisateur
Meilleur film
Ce n'est plus un vote, c'est un plébiscite !
[Slumdog Millionaire, Danny Boyle, sorti le 14 janvier 2009]