Le cinéma fantastique espagnol : Fragile, de Jaume Balaguero
Le cinéma fantastique et d'horreur qui domine actuellement est bien sûr le cinéma japonais, avec sa kyriade de titres plus inquiétants les uns que les autres, au point que les américains en tournent des remakes à tour de bras. Mais il ne faut pas pour autant oublier la composante fantastique du cinéma européen et notamment espagnol.
Le cinéma espagnol, c'est essentiellement Pedro Almodovar et Alejandro Amenabar. Si le premier n'a pas fait d'incursion dans le domaine fantastique, le second y est parvenu, de main de maître, avec Les Autres, film un peu long mais à l'ambiance si particulière et à la fin hallucinante, avec une Nicole Kidman parfaite. Ses autres films font aussi la part belle au fantastique (Ouvre les yeux) ou à l'horreur (Tesis). Mais de ces trois films, c'est bien vers Les Autres que va ma préférence.
Et puis, il y a aussi Jaume Balaguero. La Secte sans nom, largement récompensé lors de sa sortie en 2000, tente de démontrer au spectateur l'existence du mal absolu, dans un film angoissant, presque malsain. Je n'ai pas vu Darkness, son deuxième film, avec Anna Paquin (à l'écran depuis mercredi dans X-Men 3 et qui a bien grandi depuis ses débuts dans La Leçon de Piano).
Canal+ diffuse actuellement le troisième film de Balaguero, Fragile.
Amy, nouvelle infirmière dans un hôpital pédiatrique, constate rapidement que certains enfants sont victimes d'agressions surnaturelles. Une petite fille, Maggie, prétend qu'elles sont l'oeuvre de Charlotte, la fille mécanique...
Première surprise (et bonne en ce qui me concerne puisque j'en suis fan), c'est la présence de Calista Flockhart, trop rare au grand écran et Ally McBeal au petit, qui joue le rôle d'Amy. Ses découvertes iront crescendo dans le domaine de l'horreur. D'abord, cet étage entier conservé en l'état depuis un obscur drame survenu des dizaines d'années auparavant, puis ces apparitions fugitives et inquiétantes, enfin le mystère de cette Charlotte qui n'existe pas pour arriver à un dénouement proprement terrifiant.
On retrouve les ingrédients de La Secte sans nom, comme ces plans rapides et serrés, et cette notion de mal absolu mais aussi plus prosaïquement les prothèses qui semblent obséder le réalisateur barcelonais. À l'arrivée, Fragile est un bon film d'horreur et l'on tremblera autant que les murs de l'hôpital. Ce film, largement récompensé au Festival de Gérardmer comme ses prédécesseurs, n'est pas sans rappeler Saint-Ange, produit par un spécialiste du genre, Christophe Gans, avec Virginie Ledoyen et Lou Doillon confrontées à un orphelinat désaffecté. On y retrouve aussi certains thèmes chers au cinéma japonais (je reste volontairement évasif pour ne pas gâcher la fin haletante de ce film).
[Fragile, Jaume Balaguero, 2005]