Pour beaucoup, la chanson corse se limite à Tino Rossi et I Muvrini. Mais il existe entre ces deux extrêmes, de nombreux chanteurs insulaires qui ont su traduire dans des textes émouvants, les traditions séculaires et toute la beauté de l'Île. Parmi eux, le plus connu, Antoine Ciosi, et je remercie mon père de me l'avoir fait connaître, à moi qui contrairement à lui, n'ai pas eu la chance de grandir en Corse. J'écoute depuis, ses chansons régulièrement, et permettez-moi de vous offrir à mon tour, la joie de cette découverte.
Chaque vendredi saint, soit deux jours avant Pâques, a lieu à Sartène, la procession du porte-croix, symbolisant la montée du Christ vers le Golgotha. De l'église Sainte-Marie à l'église Saint-Sébastien, dans les ruelles de la vieille ville, le porte-croix, u Catenacciu en corse, chutera trois fois sous le poids de la croix et des chaînes qu'il porte. Mais qui se cache sous ce costume rouge sang ?
Seul le curé de Sartène connaît le pénitent, protégé par le secret du couvent de San Damianu. La participation à la procession est déjà en elle-même un chemin de croix dont le moindre obstacle n'est pas le temps pour celui qui veut expier de la plus éclatante manière le plus sombre des péchés. Les légendes les plus folles circulent alors au sujet de son identité.
Sò imprigiunattu
E Mama si nè more
Perduna, mio Mama
Di fà ti tantu male
Le Prisonnier est la chanson la plus belle de Ciosi, et certainement la plus connue. On y retrouve les thèmes de la chanson précédente, la rédemption et l'amour filial. Un prisonnier désespéré demande pardon à sa mère d'avoir déçu ses attentes et de ne pouvoir venir la voir, alors que cette dernière va mourir...
Mais il existe une autre de ses chansons, toute en corse et chère à mon coeur, que je garde pour un autre article, un autre jour.