I have changed my name so often,
I've lost my wife and children
but I have many friends,
and some of them are with me
À ces derniers mots, une ovation extraordinaire emplit le Parc Omnisports de Bercy. Leonard Cohen chantait devant une salle acquise à sa cause et il le savait. Oui, nous étions avec lui ce soir-là, et il le savait aussi.
Le concert avait commencé quelques chansons plus tôt, par cette merveille qu'est Dance me to the end of love (que j'ai mis en clip sur ma page d'accueil). J'ai aussi concocté une playlist que je vous livre, en ayant un peu triché : j'ai rajouté deux chansons qu'il n'a pas chantées, Joan of Arc et By the rivers dark (mais bon, il aurait pu, et certainement dû).
Vous pouvez l'écouter tout en continuant la lecture de cet article. Magique, non ?
Dès que j'ai su que Leonard Cohen se produisait à Paris, j'ai filé à Bercy pour prendre des places. Pour comprendre les raisons de cette tournée, un bref retour en arrière s'impose. En 2005, le chanteur canadien est ruiné par sa manager, Kelley Lynch et en 2009, à 74 ans, il se voit contraint de remonter sur scène, après quinze ans d'interruption. Pourtant, le prix élevé des places (130 €) est inférieur aux 140 € de Polnareff et surtout aux 190 € de Madonna. Mais de toute façon, voir Leonard Cohen en concert est un geste affectif qui n'a rien à voir avec l'argent.
J'ai découvert le chanteur au lycée, mon professeur d'anglais de l'époque nous ayant fait étudier Suzanne (takes your hand and she leads you to the river...), une des rares chansons en anglais que je connaisse par coeur. Qu'elle soit ici remerciée. Dès lors, ses chansons ne m'ont jamais quitté.
Le temps de se séparer est venu. À l'issue d'une soirée de rêve, il était impossible de le laisser partir. Un premier rappel le fait revenir et nous offre So long, Marianne. Puis d'autres chansons... Un nouveau départ, un nouveau rappel, encore des chansons. Un autre départ, le sempiternel rappel, et Leonard Cohen reviendra une dernière fois.
Cette fois-ci, ce sera vraiment la dernière. Je n'ose pas dire la bonne, tellement la salle aurait voulu faire durer ces instants fabuleux. Il est difficile de dire ce que l'on a aimé le plus, car comme disait Baudelaire, rien ne peut être préféré. Peut-être I'm your man, chanson de circonstance, ou Chelsea Hotel #2, à laquelle je consacrais jadis un article ? En guise de conclusion, Leonard Cohen nous a gratifié de quelques mots dans notre langue :
Comme on dit chez nous, il y a longtemps que je t'aime... jamais je ne t'oublierai.
Je pense qu'il est inutile de vous conter la clameur formidable qui s'éleva du public, la dernière d'une soirée exceptionnelle.
[Concert de Leonard Cohen, Paris, 7 juillet 2009]