Barcelone, les mimes des Ramblas
Enfin. Me voilà à Barcelone. Six ans que je n'y avais pas mis les pieds mais rien n'a changé. La Plaça de Catalunya n'a pas pris une ride et le français qui y débarquerait ne serait assurément pas dépaysé. Il regarderait d'un air ironique, la monumentale FNAC, encadrée par un Habitat et un Grand Optical qui ne sonnent guère catalans, déjà présents à l'époque. À peine, remarquera-t-il l'immense Cortes Ingles de neuf étages qui leur fait face... car déjà les ramblas attirent son attention !
Les ramblas sont au touriste ce que le bac est à qui veut faire des études supérieures, c'est-à-dire un point de passage presqu'obligé mais également une épreuve. Notre français les empruntera, guidé par le flot de ses congénères et l'on pourrait même dire de ses compatriotes tant les français pullulent là-bas. Il faut dire qu'elles conduisent droit vers la mer et constituent donc le trajet idéal de tout touriste, passant à côté du Palau Güell, de la plaça Reial ou de la Boqueria. Mais, sans les quitter, il sera sollicité par les mimes. Eux aussi, abondent. Il y a de tout. Mais alors vraiment de tout. Du meilleur et du pire. Certains, mercantiles, lassent le public par leur cupidité. D'autres, trop bien déguisés, se fondent dans un décor auquel il rêvent pourtant d'échapper. Ils sont rouillés ici, en bronze là, peints en blanc ailleurs. Tous en quête de succès, de remerciements, de complicité.
Et puis, là, cette réplique vivante de Che Guevara qui, délaissant son cigare, accueille sur son piedestal une victime expiatoire, prête à tout pour approcher le mythe. J'ai dit Mimes ? Oui, ce sont des mimes... sauf celui là. Parce qu'il criait son Hasta la victoria, siempre ! avec l'énergie du désespoir !
Il est difficile maintenant de ne pas vous mettre une chanson que j'adore, tant elle manque à ce tableau. Nathalie Cardone chante un vibrant hommage au Che dans Hasta siempre ! Attention, tout changement de page interrompt la lecture...
[Rambla, Barcelone, juillet 2006]