Visions vénitiennes, où il est question du Grand Canal
Arriver à Venise, la première fois, reste un souvenir inoubliable. Par la route, on quitte Mestre, fébrile et en empruntant cette longue jetée, seul lien fragile qui relie Venise au continent. Puis la ville se dessine petit à petit mais ce n'est pas encore ce que l'on attendait et dont on a rêvé si longtemps : entrepôts, parkings, chantiers maritimes...
Le train permet une immersion plus rapide. La vision latérale ne permet pas de voir la ville et Venezia Termini ressemble à toutes les gares. Mais une fois à l'extérieur, sur les marches, le choc est intense. C'est le matin et le Grand Canal est là, à nos pieds, grouillant littéralement de bateaux. Les vaporettos - les vaporetti, devrais-je dire - tentent à grand peine d'éviter les nuées de gondoles et malgré leur moteur polluant et bruyant, on imagine aisément Venise quelques siècles plus tôt.
Au fil des séjours, cette sensation se mitige. Mais il restera toujours ce petit pincement au coeur, propre à la cité ducale.
Le Grand Canal constitue un obstacle difficilement franchissable et combien de fois, peste-t-on en se retrouvant bloqué, même si le spectacle est parfois unique. Les ponts y sont peu nombreux, et excepté ceux de l'Académie et du Rialto, il faut remonter jusqu'à la gare pour pouvoir franchir le canal à pied. Le traghetto, sorte de gondole à fond plat, permet ponctuellement de le traverser aussi, de même que le vaporetto qui, s'arrêtant alternativement d'un côté puis de l'autre, offre une traversée que je qualifierai de diagonale...
[Grand Canal, Venise, août 2006]