Venise, les chevaux de San Marco
Le 8 novembre 1202, la IVe croisade partait porter la guerre contre les Infidèles jusqu'en Egypte, quatre cent quatre-vingts vaisseaux, avec à leur tête, la galère du Doge de Venise, Dandolo, vieillard presqu'aveugle mais fin politique. Les croisés, incapables de s'affranchir du prix exorbitant de leur traversée, durent en contrepartie conquérir la chrétienne Zara (l'actuelle Zadar croate). Le pape, dans sa fureur, les excommuniera tous. Mais habilement manoeuvrés par les marchands vénitiens, ils ne s'arrêtèrent pas en si bon chemin et se tournèrent vers Constantinople, autre ville chrétienne, mais orthodoxe. Le 13 avril 1204, eut lieu pendant plusieurs jours le sac de Constantinople, page peu glorieuse de l'histoire de la Chrétienté qui provoqua un schisme entre l'Orient et l'Occident. Les vénitiens s'emparèrent des oeuvres d'art, livrant la ville à des croisés destructeurs.
Les quatre chevaux de bronze doré de Constantin Ier qui faisaient jadis la fierté de l'hippodrome de Constantinople, après avoir fait celle de Rome, furent ramenés dans la Cité ducale et ornèrent la facade de la Basilique dédiée à Saint-Marc l'évangéliste, patron de la Ville.
En 1797, lors de la première campagne d'Italie, Bonaparte prendra possession de Venise et en déposera le cent-vingtième et dernier doge, mettant ainsi une fin définitive au rayonnement de la Sérénissime. Les chevaux de Saint Marc, symbole fort de la puissance vénitienne, seront emmenés à Paris et exposés place du Carrousel. Dix-huit ans plus tard, après Waterloo, les chevaux regagnèrent leur loggia vénitienne, par le bon soin des autrichiens.
Ils y sont toujours actuellement... enfin, ils sont à l'intérieur de la basilique. À l'extérieur, ce n'est plus qu'une copie, pollution oblige. Et sur ma photo, on n'en voit (bêtement) que deux.
[Basilique San Marco, Venise, août 2006]