Les hôtels du Lido
Rien n’est inventé, le voyageur dans le cimetière de Munich, le sombre bateau pour venir de l’Île de Pola, le vieux dandy, le gondolier suspect, Tadzio et sa famille, le départ manqué à cause des bagages égarés, le choléra, l’employé du bureau de voyages qui avoua la vérité, le saltimbanque méchant, que sais-je… Tout était vrai...
[Thomas Mann à Luchino Visconti, entretien sur La mort à Venise, 1951]
Beethoven, für Elise, BO de Mort à Venise
Malher, Symphonie n°5, 4e mouvement, BO de Mort à Venise
Lido, encore un mot, après le ghetto, que nous devons aux vénitiens...
Je ne m'y suis aventuré que lors de mes dernières visites à Venise. J'en garde deux souvenirs particuliers. En août 92, c'était la première fois. C'est important, une première fois. C'était excitant aussi, le plaisir de voir enfin l'Hôtel des Bains s'ajoutait à celui de pouvoir rouler en moto dans Venise. Finalement, les deux se révèlèrent décevants. C'était l'été et l'hôtel ainsi que sa plage grouillaient de monde. L'atmosphère de Mort à Venise était absente et les rues larges du Lido n'apportaient finalement rien de plus à la joie de la conduite que n'importe ville italienne du bord de mer.
L'année suivante fut plus enrichissante. Le carnaval battait son plein en ce week-end frisquet de février 93. M'en extirpant à regrets, je filais au Lido louer un vélo. Les palaces hibernaient encore et c'est curieusement devant la plage déserte de l'Hôtel des Bains que l'on sentait le plus la présence d'Aschenbach et de Tadzio. Plus loin, la masse formidable et immobile de l'Excelsior imposait le souvenir mélancolique d'une époque romantique et révolue.
[Hôtels Hungaria, des Bains et Excelsior, Lido, Venise, août 2006]