Place de Furstenberg
Mon logement est décidément charmant [...] Réveillé le lendemain en voyant le soleil le plus gracieux sur les maisons qui sont en face de ma fenêtre. La vue de mon petit jardin et l'aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir.
[Eugène Delacroix, Journal, 28 décembre 1857]
Ma première rencontre avec la rue de Furstenberg n'est pas récente. Alors étudiant, je musais à Saint-Germain (des Prés) quand une jeune et jolie (qualificatifs à mettre sous le coup de l'émotion) asiatique me demanda quelque chose dans une langue chantante inconnue (de moi). Jetant un oeil inquisiteur au guide qu'elle agitait, parmi nombre d'idéogrammes incompréhensibles, je lus :
Musée E. Delacroix - 6, rue de Furstenberg
Et là, je restais coi, interdit. Je n'allais pas lui être d'un grand secours, j'ignorais tout du musée, de la rue et de sa langue. Une véritable catastrophe. Plus tard, par curiosité, je suis allé voir - plus par souci compréhensible de combler des lacunes impardonnables que par espoir secret mais peu vraisemblable que pareil cas de figure se représentât - la rue de Furstenberg. Et comme tous ceux qui l'empruntent, je n'avais pu résister au charme de cette rue, tranquille et bourgeoise, à l'abri des tracas parisiens.
Aujourd'hui, outre le toujours présent Musée Delacroix, qui fut anciennement son atelier, la Place de Furstenberg, partie enflée de la rue, abrite plusieurs galeries et ne décevra pas le promeneur curieux.
[Rue de Furstenberg, Paris VIe]