Le jardin merveilleux d'Albert Kahn
Aux portes de Paris, se trouve un jardin extraordinaire, né de la passion et de la volonté d'un homme. Né en 1860, employé de banque puis associé, Albert Kahn crée sa propre banque en 1898 et grâce à ses talents de spéculateur boursier, édifie une fortune considérable. Jusqu'en 1931, soucieux de son idéal de paix universelle, il consacre ses moyens aux Archives de la planète, documentation photographique et cinématographique du monde entier, qui constitue aujourd'hui les précieuses collections du musée. Le krach boursier de 1929 portera un coup fatal à sa fortune et à son oeuvre.
Le nouveau jardin japonais est une oeuvre récente, pendant du village - toujours visible - créé par le banquier lors de son retour du Japon en 1898.
Albert Kahn avait voulu un jardin de scènes et l'effet pour le visiteur est incroyable. Il quitte (le visiteur, pas Albert) les maisons de bois du village japonais pour se retrouver dans un jardin anglais dont le pont en pierre n'est pas sans rappeler celui des Buttes-Chaumont, puis dans un jardin à la française, bordé d'un palmarium, agrémenté d'un verger.
Le spectacle le plus étonnant l'attend à quelques mètres, la forêt bleue. Constituée d'épicéas et de cèdres, elle est réellement bleue. Je me souviens avec tristesse du spectacle désolant qu'elle offrait après la tempête de 99, pourtant plus épargnée que sa voisine, la forêt vosgienne, qui rappelait à son créateur, les paysages de son enfance et qui avait dû être entièrement replantée.
Ce lieu incite naturellement à une rêverie profonde et en ce vendredi après-midi, il est désert. Je me prendrais volontiers pour Lamartine, ce qui ajoute encore à la nostalgie de l'endroit.