Lettre à Polnareff
Michel,
Trente-quatre ans que tu étais parti. Ta musique, elle, était restée mais pendant ces trente-quatre années, nous avons dû nous contenter de quelques allers-retours et surtout de ce fameux interview que tu accordas un jour à un autre Michel, dans le désert californien, avec ton piano et ta Hummer blanche.
Je ne pensais pas pouvoir un jour te voir, moi qui t'ai tellement écouté. Et ce samedi frisquet de mai 2006, premier jour de la vente des billets, devant ce guichet du POPB, parmi tes fans de la première heure, je n'y ai réellement cru qu'en ayant dans les mains, cette fameuse place à 140 € (mais quand on aime...). Il n'y avait alors plus que dix mois à attendre.
Le jour arriva. Sept mille personnes tous les soirs vibraient au son de tes chansons et ce fut bientôt mon tour. Tu commenças par Je suis un homme, mais je ne t'en veux pas, je sais quelle importance cette chanson a pour toi. Puis Âme câline, Tout, tout pour ma chérie ou Le Bal des Laze, quel régal. Evidemment, comme tout le public acquis à ta cause, il est des chansons que je souhaitais, comme celle que je vénère parmi toutes, Qui a tué Grand-Maman. Tu l'as chantée, mais remixée. Je préfère malgré tout, l'ancienne version, celle qui m'accompagne depuis si longtemps.
Suivirent Y a qu'un cheveu, qui - curieusement - enflamma le Parc Omnisports, Holidays ou Goodbye Marylou pour un faux départ qui te permit de faire une pause bien méritée. Et puis, il y a celles que tu n'as pas chantées et que j'attendais malgré tout : Allo Georgina, Tous les bateaux, tous les oiseaux ou Dans la maison vide. Dommage, ou tant pis. Mais en contrepartie, tu nous as offert, et à deux reprises, cette chanson, qui réunit toutes celles que l'on a connues et aimées, L'homme qui pleurait des larmes de verre, et le cadeau était somptueux.
Sans doute, auras-tu remarqué la jeunesse de ton public qui, pour beaucoup, ne t'ont pas vu partir, seulement revenir ? Peut-on rêver plus bel hommage ? Merci, Michel, pour ce magnifique spectacle. Merci d'avoir, pendant plus de deux heures, chanté ces chansons qui ne m'ont jamais quitté, réglant tes comptes au passage avec une presse peu complaisante, voire hostile. Merci d'avoir réalisé mon rêve, notre rêve. Merci Michel.
A l'entrée, les fans courageux (inconscients ?) qui acceptaient de se faire photographier avec la perruque et les lunettes de leur idole voyaient leur image projetée sur les deux écrans géants qui ornaient la scène de Bercy. Ce fut un défilé incessant, parfois cocasse.
Un mot sur les photos. Puisque selon les organisateurs du concert, les appareils photos étaient interdits, les photos présentées ont été prises avec les moyens du bord, à savoir un téléphone Sony W800i.
[Concert de Michel Polnareff, Bercy, mars 2007]