À la découverte du Potala : enfin !
(suite de l'épisode précédent)
Pendant que les ouvrières continuent inlassablement leur chorégraphie, je me retourne vers l'entrée du palais. Que c'est impressionnant ! Au pied du mythe, à quelques secondes d'y pénétrer, je ne peux m'empêcher de frissonner. D'effroi... je ne crois pas, de froid, c'est sûr, mais surtout de plaisir. Je gravis rapidement les marches abruptes.
En haut, un nouveau guichet m'attend. Nos billets indiquent 15h20. Il est 15h44. Le coup de fil à la catsitter, les escaliers, la chorégraphie, tout cela a un prix. Le fonctionnaire chinois me jette un regard... noir. Il inscrit malgré tout sur les billets 16h44. Il faut savoir que la visite est limitée à une heure. Je jette rapidement un oeil sur le deyangshar où trône encore ma mystérieuse ouvrière en rouge et rentre dans le Potala.
De cette visite éclair, je ne garderai curieusement que peu de souvenirs. L'impossibilité de prendre des photos n'y est pas étrangère, quoique, de toute façon, il fait bien sombre dans ce palais. C'est une enfilade de corridors obscurs, d'escaliers tortueux et de salles immenses. Les guides touristiques préconisent l'usage d'une lampe électrique (comme en Egypte) pour éclairer les recoins du palais. Je n'ai guère vu que deux touristes ainsi équipés, profitant de la chiche lumière de leur torche pour éclairer un recoin désespérement vide... deux français ! Pléthore de rayonnages portant d'innombrables livres sacrés, ou de sacrés livres, foisonnement d'autels invitant le visiteur à déposer une offrande. Et puis, ce chat, assis affalé sur une chaise, que j'aurais bien pris en photo. Mais le lama est resté sourd à mes prières. Ou cette odeur atroce de beurre rance qui entoure les imposantes lampes à beurre. Des salles intéressantes, noires de monde (ah, ces groupes...) exposant pièces rares et pierres précieuses.
Il est 16h26 quand je présente mon billet à la sortie. Je me demande avec une légère inquiétude ce qui se serait passé si j'avais dépassé ce seuil fatidique d'une heure...
Dehors, le soleil est éblouissant et la vie a repris son cours. Les femmes travaillent, comme à l'entrée, mais les tâches sont encore plus rudes. Etrange pays.
Du haut de ses cent-vingt mètres, le Potala domine la ville. Mais que reste-t-il de la ville du dalai-lama ? Ce n'est plus qu'une étendue à perte de vue d'immeuble récents, identiques, insipides, bref... chinois. La vieille ville, écrasée par cette architecture quelconque, semble absente. Bon, d'un autre côté, c'est un peu normal, elle est un peu excentrée et se trouve en dehors de la photo...
Et en contrebas, des collégiens en uniforme défilent donc dans des locaux modernes. Le Tibet de demain sera définitivement chinois. Mais celui d'aujourd'hui ne l'est-il pas déjà ?
[Potala, Lhassa, Tibet, mai 2007]