Helmut und Eddy
Samedi, une atmosphère différente régnait sur Paris. Ce n'était pas le début de quelque chose, ni même la fin, juste un imperceptible changement. Le soleil faisait une réapparition timide. Du coup, le port de plaisance qui proposait son carnaval vénitien (presque) annuel, déclarait complet et fuyant la foule, je me réfugiais à Beaubourg... où je la retrouvais, cependant moins compacte.
Et sur le sol, il y avait ce dessin à la craie...
Il n'y était pas venu tout seul. Il y avait, penché sur lui, cet homme qui devant une foule intriguée, mettait un coup de craie final à son oeuvre, y rajoutant, au passage, un peu de son âme.
Et pour être complètement exhaustif, je dois rajouter qu'il n'y avait pas que cet homme sur ce dessin. Il y avait près de lui, une créature du type canidé, paisible et blasée.
La créature était étrange. Son poil luisant et noir était recouvert de craie bleue qui lui conférait un aspect surnaturel. Mais elle ne s'en souciait guère. L'activité de son maître ne la dérangeait pas outre mesure, et elle semblait se contenter de regarder autour d'elle.
Lui, l'artiste, s'appelait Helmut, et venait d'Allemagne, de Köln. Il dessinait inlassablement son autoportrait. L'autre, le chien, s'appelait Eddy et venait du même endroit. Il se laissait aller sur son portrait à lui, rien qu'à lui.
Eddy surveillait le travail de son maître. Au loin, on pouvait apercevoir la fontaine Stravinsky, de Niki de Saint-Phalle.
Et non, ce n'est pas Jhonny Depp, ni Johnny Depp. Ce n'était qu'Eddy, un samedi après-midi, à Beaubourg. Helmut, quant à lui, terminait son autoportrait. La prochaine fois, ce sera un tableau connu ou une création personnelle, il verrait bien.
[Helmut et Eddy, Beaubourg, samedi 10 avril 2010]