Même s'il a tourné une trentaine de films, dont peu de premiers rôles, Christian Barbier, c'est avant tout l'Homme du Picardie. Ce feuilleton français sur la vie d'un marinier a traumatisé plusieurs générations de spectateurs. Si le rythme en était insupportable et le ton misérabiliste, on ne pouvait qu'être séduit en revanche par son réalisme. C'était la télé-réalité avant l'heure. Mais moi, ce qui m'avait surtout frappé, c'était cette musique, lancinante, mais entraînante.
Je me souviens aussi de Christian Barbier dans deux films. Dans Trois hommes à abattre, c'était l'ami d'Alain Delon, rôle éphémère brutalement interrompu par la faute d'un judas (au sens propre) se révélant particulièrement traître. Mais c'était surtout le Bison, dans ce film merveilleux qu'est L'Armée des Ombres de Melville, qui lui doit une des scènes les plus poignantes de la carrière de Simone Signoret. Je me souviens extraordinairement bien de ces deux prestations de Christian Barbier, dont le principal atout était ce naturel que beaucoup d'acteurs peuvent lui envier, et qui, ajouté à sa voix bougonne et son allure fruste, en faisait un comédien solide et convaincant.
Le 16 décembre 1968, sur la première chaîne, était diffusé le premier épisode d'un feuilleton qui deviendra rapidement très populaire. Arrivant après les bouleversements de l'été 68, il décrivait les problèmes quotidiens d'une famille de mariniers à bord de sa péniche, le Picardie. Le tournage avait lieu à Conflans-Sainte-Honorine et l'on pouvait noter, aux côtés d'Yvette Etiévant quelques Pierre connus parmi la distribution : Santini et Tornade, mais aussi Arditi.
Moi, mon pays, c'est un bateau.
Comme on disait Untel, de tel endroit, on disait Durtol, du Picardie.
Christian Barbier s'est éteint, des suites d'une longue maladie, le 3 novembre 2009, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.