Sentiments provisoires
Ne ratez sous aucun prétexte ce soir, sur France 2, la diffusion de la pièce Sentiments provisoires de Gérald Aubert, mise en scène par Bernard Murat. Ce sera d'ailleurs, sa dernière représentation dans ce théâtre si romantique qu'est le théâtre Edouard VII, niché au creux d'une place piétonne, près de la Madeleine.
Le programme de la soirée (photo) nous propose le synopsis suivant :
Hélène, la trentaine, annonce à Marc, un homme plus âgé partageant sa vie depuis dix ans, qu'elle le quitte pour Félix, l'ami d'enfance de ce dernier. Pour Marc, cette rupture est d'autant plus difficile qu'elle remet tout en cause : sa plus grande histoire d'amour et l'amitié de toute une vie.
Moi, je rajouterai juste Une femme, deux hommes, trois possibilités...
La première scène est plutôt déroutante. Les trois personnages se livrent à des monologues entrecroisés assez difficiles à suivre et le spectateur se prend à craindre que toute la pièce ne soit comme ça, une sorte de cacophonie verbale. Mais peu à peu, l'on comprend ce qui a conduit ces personnages à errer ainsi dans la forêt la nuit : une nuit de réflexion, une dernière chance avant la rupture.
La seconde scène nous rassure sur la construction de la pièce. Retour arrière. Hélène se concerte avec Félix, sur la façon d'annoncer son départ à Marc. Lui, un peu plus loin, soliloque à nouveau. La situation est calme, les propos s'entrechoquent, créant parfois des quiproquos virtuels pour notre plus grand plaisir. Puis la rupture sera annoncée...
La pièce présente trois atouts majeurs. Pierre Arditi, exceptionnel dans un rôle sur mesure, lui qui sort à peine de Faisons un rêve, incarne un éternel séducteur dont les envolées ravissent le spectateur. Comme d'habitude, serai-je tenté de dire. François Berléand, toujours aussi efficace, à ceci près que l'on ne comprend pas trop ce qu'elle lui préfère (mais ce n'est que mon avis). Et Sylvie Testud, femme fragile pourtant en position de force, est plus que crédible.
Si on rajoute l'humour qui ponctue régulièrement cette comédie douce-amère, il n'y a vraiment plus rien qui s'oppose à ce que l'on regarde cette pièce, riche en variations sur l'amour et l'amitié, valeurs ô combien universelles de la comédie dramatique. France 2, vendredi 22 janvier 2010, 20h35.
Je garde un bien agréable souvenir de cette soirée (de Noël, car mine de rien, au moment où je prenais cette photo, il était presque 23h, le soir du 24 décembre). Si vous doutez encore (comment serait-ce possible ?) et souhaitez un second avis, je vous propose celui de Mirbel.
[Sentiments provisoires, de Gérald Aubert, mise en scène de Bernard Murat, avec Pierre Arditi, Sylvie Testud, François Berléand]