Tiffany, Couleurs et Lumières : le choc
(suite de l'épisode précédent)
L'exposition n'est pas plus grande que le Musée et ne comporte que deux salles. Cependant, dès l'entrée dans la première, c'est le choc. Quelques vases à droite, dont un Gallé, pourtant magnifiques, ne permettent pas de nous préparer à ce qui nous attendra dans la seconde salle. Mais pour le moment, de l'autre côté, un somptueux vitrail attire irrémédiablement l'attention du visiteur. Servant de fenêtre à l'appartement qu'occupait alors Louis Comfort Tiffany à Manhattan, ce vitrail fascine par sa beauté et bouleverse par ses couleurs. Il est facile d'y voir un coup de pinceau traçant d'hypothétiques méandres d'un rouge sang. Moi, incorrigible et fantaisiste, j'y vois plutôt le grand canal de Venise, et ne peux qu'envier celui qui avait une telle merveille chez lui, au Bella Apartment, 48 E. 26th Street...
Il faut s'approcher de près pour goûter le travail admirable du verre. Des cabochons de verre brut au verre drapé, en passant par les subtiles teintes distillées, tout n'est qu'émerveillement. C'est pour moi, la pièce maîtresse de cette exposition qui ne fait que commencer.
Les pièces suivantes présentent les essais de Tiffany au dessin, à la mosaïque, au métal. Comme cette suspension de la toute fin du dix-neuvième siècle qui accroche le regard admiratif du visiteur...
... et à laquelle répond cet écran de cheminée, à la structure si géométrique.
Mais se profile déjà, au fond de la pièce, une oeuvre majestueuse...
L'influence des préraphaélites se fait bien sentir dans cette oeuvre de Frederick Stuart, qui dessinera la plupart des vitraux religieux, réalisés principalement pour des églises canadiennes, bien que le Vitrail à la Sirène soit destiné à une riche demeure hawaïenne. C'est silencieux et conquis que je quitte la première salle pour entrer dans la seconde...
[Tiffany, Couleurs et lumières, Musée du Luxembourg, jusqu'au 17 janvier 2010]
[Exceptionnellement, les photos, étant interdites lors de l'exposition, ne sont pas de l'auteur]