Delhi, une journée qui finit mieux qu'elle n'avait commencé
Mon arrivée à Delhi, je l'ai fait à la Saint-Ex... je veux dire en prenant un vol de nuit. C'est l'idéal, même si on ne dort pas beaucoup. En plus, le décalage horaire est dans le bon sens, mais quand même, quelle drôle d'idée d'avoir choisi +3h30. Ça va m'obliger à faire des calculs alambiqués, vu que je reste toujours à l'heure française.
Pour plus de sûreté, j'avais demandé à l'hôtel de venir me chercher à l'aéroport, pratique courante en Inde, tellement courante que le hall de sortie était pris d'assaut par des hordes d'indiens enturbannés et gesticulants, brandissant des panneaux à qui se fera le mieux voir. À croire que tout l'avion était attendu... tout l'avion... sauf moi. Pas grave, change de quelques euros, remise d'un paquet informe de billets, achat d'un parcours prépayé, confusion entre un billet de 100 et de 500, lutte contre les porteurs pressants (ne jamais laisser un inconnu ne serait-ce que toucher aux bagages, sinon pourboire obligatoire) et le taxi prépayé se met en route.
Non sans difficultés, voici enfin l'hôtel, un hôtel très moderne et confortable situé dans un quartier plus que populaire d'Old Delhi que j'aurai l'occasion de vous présenter, l'un comme l'autre. Je recompte machinalement mes billets et m'aperçois que j'ai un billet de 100 en trop et un de 500 en pas assez. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que ma confusion au guichet de l'aéroport n'en était pas une mais un rapide échange de billets effectué par un guichetier indélicat... J'avais envie de retourner à l'aéroport, mais cela m'auraît coûté plus cher que la différence (400 roupies, c'est 40 francs). Je ronge donc mon frein. Difficilement, je le reconnais.
En sortant de l'hôtel, je tombe sur lui, sur ce chien. J'en verrais des dizaines et des dizaines d'autres, autant que dans les rues de Kathmandou. L'Inde, comme le Népal, est littéralement envahie par les chiens errants, du moins, dans les quartiers populaires.
La première journée est toujours consacrée à la découverte de la ville. Départ à pied dans une ville inconnue, quel programme ! Je devais vite déchanter. Delhi est une ville tentaculaire, à taille inhumaine. Il est certes possible d'y marcher mais le temps passe alors trop vite sans que cela apporte véritablement quelque chose. Après avoir parcouru quelques kilomètres, je prends, hésitant, mon premier rickshaw. Direction Connaught Place, le coeur de Delhi.
Le mot harcèlement peine à décrire ce qui attend le touriste à Connaught. Entre les rabatteurs qui vous indiquent qui un office de tourisme officieux (il n'en existe qu'un officiel) estampillé Government of India, qui une adresse incontournable de shopping, les chauffeurs pressants de rickshaws et les mendiants, pas facile de se frayer un chemin. Et puis soudain, un cireur de chaussures se propose de nettoyer mes Mephisto. Je constate alors que l'une d'entre elles est recouverte d'une sorte de merdasse liquide... qu'il venait de balancer dessus. Ça fait beaucoup pour une première demi-journée... soupir.
Après quelques heures de promenade, retour à l'hôtel. Comme la journée n'est pas terminée, pourquoi ne pas visiter la mosquée Jama Masjid, celle-là même que j'avais proposée dans mon article-devinette ? Cette visite aura été plus que bénéfique. Elle a permis d'évacuer les tracasseries de la journée et de se reposer deux heures dans un cadre bienveillant et agréable. Depuis le minaret, et même depuis la cour, on aperçoit le Fort Rouge, promesse d'un moment également exceptionnel, mais ce sera un autre jour. Peut-être demain.
Le soleil se couche sur la plus grande mosquée d'Inde. Le minaret (ce n'est pas lui sur la photo) ferme, cependant il est possible de rester dans la cour, plus pour très longtemps. Mais je sais que je reviendrai. Au retour, et certainement un peu plus tôt dans la journée.
Le soir, ayant définitivement oublié mes mésaventures indiennes de la matinée, j'arpente la rue principale de Karol Bagh, juste à côté de l'hôtel. Une activité fébrile y règne malgré l'heure avancée. L'étranger y est là encore sollicité pour des achats ne présentant aucun caractère de nécessité, mais cela passe beaucoup mieux dans une rue commerçante. Un succulent curry d'agneau achève de me réconcilier avec l'Inde. Demain sera un autre jour.
[Delhi, Inde, avril 2009]