Quiconque a regardé le soleil fixement
Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.
Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide.
Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon oeil,
Je la vois se poser aussi, la tache noire ! -
Quoi, toujours? Entre moi sans cesse et le bonheur!
Oh! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur !
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.
[Le point noir, Odelettes, Gérard De Nerval, 1852]
La poésie française m'a toujours ébloui !
Mon livre de chevet est une anthologie,
De Molière à Eluard, de Villon à Molière.
Ecrite par Pompidou, elle m'a fait découvrir,
Ces frissons, ce plaisir que l'on peut ressentir
En lisant Heredia, Nerval ou Baudelaire.
Pendant toutes ces années, tout au long de ma vie,
Ce livre m'a suivi et encore aujourd'hui,
Je dois en posséder deux ou trois exemplaires.
Moi, tout jeune encore et plus audacieux, c'est cette Anthologie de la Poésie Française que je contemplais fixement. Je la connaissais par coeur et des années plus tard, tous ces vers trouvent encore un écho dans ma mémoire.
En 1852, Nerval écrivit également Les Nuits d'Octobre. Il y évoque les Halles et la silhouette grisâtre de Saint-Eustache, devant laquelle j'ai pris une photo de cette statue si connue que lui n'a pas connue, l'Ecoute, de Henri de Miller. J'ai d'ailleurs pris soin d'y rajouter un petit coup de halo pour illustrer le poème...