Le Ruban Blanc
Il est extrêmement difficile de parler du Ruban Blanc sans dévoiler une partie du suspense, aussi préféré-je vous livrer le synopsis du site officiel :
Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914).
L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?
Le vieil instituteur se souvient des incidents tragiques qui survinrent dans son village, au début de sa carrière. Tout a commencé par la chute de cheval du docteur. Au début presque anodins, les événements se sont ensuite précipités, devenant plus inquiétants et plus mystérieux. Si le film est long (2h24), parfois même très long (ah, ces interminables plans fixes), le suspense résultant de la progression dans les incidents dramatiques, la part de fantastique qui, croit-on, s'en mêle, l'esthétisme admirable presque surnaturel des images, l'univers rigoriste de ce village protestant, tout contribue à en faire une oeuvre, certes glacée, mais fascinante.
Le ruban blanc est cette punition que le pasteur, homme dur mais intègre, inflige à ses deux ainés. C'est un symbole de pureté et d'innocence, mais c'est aussi (si j'ose dire) le fil rouge de ce film (j'ai osé), et l'on peut voir dans le malaise de ces deux enfants, fille et garçon, qui préfigurent l'Allemagne du futur, le mal-être d'une génération qui aura trente ans pendant la montée du nazisme. On peut simplement y voir aussi une réaction contre une éducation protestante austère, survivance d'un passé que les enfants rejettent, et l'annonce d'un monde plus moderne, moins religieux.
Plutôt que la bande-annonce, j'ai préféré choisir cet extrait entre les deux enfants du docteur après l'accident dont a été victime leur père, car la mort joue un rôle important dans le film, de même que l'innocence et les enfants.
Le soir de mai 2009 où Haneke a reçu la Palme d'Or à Cannes, j'ai pensé - comme beaucoup, certainement - que la présence d'Isabelle Huppert n'y était pas étrangère. Le matin d'octobre 2009 où j'ai vu Le Ruban Blanc, j'ai compris que si ce film avait obtenu la récompense suprême, ce n'était certes pas par copinage.
[Le Ruban Blanc, Michael Haneke, sortie le 21 octobre 2009]